« Le dernier voyage de ma vie, en France, fut un grand moment de liberté pour mon esprit ; merci à François 1er de m’y avoir invité ! En plus, c’est ici encore que l’on se souvient de moi. Qu’ai-je entendu ? On célèbre mon art et mes inventions dans la contrée de Nantes ! De jeunes artistes en herbe ont été initiés à mes techniques, ils ont expérimenté mes recherches et tout comme moi ils ont observé la Nature pour mieux la comprendre.
Mes inventions ont été si bien améliorées qu’à présent il est possible de communiquer de façon bien étrange, et je dois bien avouer que c’est tout à fait émerveillant de découvrir ce monde virtuel ! Me voilà donc devant un ordinateur… En parcourant le blog qui retrace leurs aventures, je suis fier de constater que mes savoirs ont traversé les siècles. Permettez-moi le luxe de vous raconter la semaine qu’ils ont passée ensemble…
En premier lieu, Nantes ! Quelle ville d’inventeurs fous ! Dans les galeries des Machines de l’Ile, comment ne pas se laisser emporter par le tourbillon de leur imagination débordante ? J’aurais tellement aimé les côtoyer et participer à ces projets mécaniques hors-normes : l’Arbre aux hérons avec la Chenille et la Fourmi, le Carrousel des mondes marins, sans oublier l’Eléphant. De superbes machines, résultat d’une observation minutieuse de la Nature et de la décomposition du mouvement. Les machinistes sont au service des machines et leur donnent vie. Il faut les voir actionner les mécanismes et mettre en mouvement ces animaux mécanisés. Quelle incroyable fluidité ! J’ai pu contempler l’émerveillement dans les yeux du public, des plus jeunes aux plus anciens, tous prêts à embarquer avec eux pour un voyage inédit ! Quel beau spectacle !
J’ai aussi entre-aperçu quelques traits de crayon qui esquissaient un visage. Mais qui est donc ce jeune professeur dont on m’a parlé ? Vincent, alias Follenn, grand dessinateur des mondes fantastiques. Cher professeur, je vous confie les petits artistes pour leur transmettre l’art du dessin : le portrait, les proportions du corps, la perspective. Bien entendu les techniques ont changé depuis mon Homme de Vitruve mais votre talent saura les impressionner. Trois séances seront les bienvenues et ils pourront s’essayer sur leur carnet de croquis, témoin de leur talent naissant.
Pour bien comprendre le mouvement suite à l’observation des animaux, une spécialiste du modelage, Nathalie, leur en a transmis la technique. L’étude de mon œuvre sur mon cheval, jamais réalisée mais pour laquelle j’avais tant travaillée, vous l’avez reprise avec succès. Je veux parler de la statue géante de cheval que le Duc de Milan Sforza m’avait commandée pour l’anniversaire de son père. Obstiné par la perfection, j’ai bien mis 16 ans à étudier, dessiner, à la recherche de l’harmonie idéale… A partir de mes croquis, vous avez réalisé votre œuvre. Et quand je vois toute l’application que vous avez mis dedans, je vous dis bravo !
Ayant chaque jour sous les yeux mes œuvres picturales, vous avez eu l’idée de copier l’une d’elle : La Dame à l’Hermine et de l’interpréter. Quel talent dans votre coup de pinceau ! L’étude de la lumière au préalable, du portrait et des couleurs vous a permis de peindre votre propre toile et de l’exposer sous l’œil attentif de votre professeur de peinture, Monique.
On me connait surtout à travers mes quelques tableaux : La Cène et la Joconde. Cette dernière vous a été racontée par Pierre-Alain, historien après une fine observation de la composition du tableau. Cette conférence autour de mon œuvre a complété vos connaissances déjà acquises lors de projections de documentaires sur ma vie à l’époque de la Renaissance. Mais elle vous a aussi montré mes imperfections comme lorsque je ne termine pas mes tableaux ou encore quand je teste la peinture à l’huile sur mur frais pour La Cène, ce que les gens appelleront plus tard la fresque. Pierre-Alain n’a pas manqué de vous dire à quel point je passais du temps sur mes carnets. Pas loin de 7000 pages d’après… Ou plus. Enfin, le plus important c’est quand je vois que vous aussi vous avez désormais en votre possession votre propre carnet. Gardez le bien précieusement et surtout n’hésitez pas à le remplir !
De Loire-Atlantique, ces jeunes artistes sont aussi allés en Indre-et-Loire, à Amboise pour visiter l’endroit qui a marqué les dernières années de ma vie : Le Clos Lucé. Ils ont pu marcher sur mes traces dans cette demeure et ce beau parc, dédiés à ma vie, mes œuvres et mes inventions, réalisées en taille réelle pour les promeneurs qui peuvent même les manœuvrer. Quelle belle récompense !
En parlant de manœuvres, j’ai aussi vu les petits scientifiques en herbe avoir entre les mains des bijoux de technologie dernière génération : les drones que tout le monde s’arrache désormais ! Michel leur a appris à piloter ces engins volants, à les maîtriser et à découvrir ainsi une nouvelle manière d’espionner grâce aux caméras que l’on peut y intégrer. Quelle belle avancée avec ces « bourdons » si discrets, si rapides et si efficaces…même si dans l’esprit, mes grosses machines volantes ne sont pas si loin !
Toujours dans les airs, Michel leur a aussi expliqué que le parachute que j’ai inventé en 1485 était bon et fiable mais il leur a fait la démonstration qu’il était perfectible dans la mesure où le parachute oscillait trop et les balancements rendaient le vol et l’atterrissage dangereux. Les études des physiciens ont abouti à l’apparition de la cheminée, sorte d’ouverture au sommet du parachute qui permet à l’air de s’échapper et de limiter ainsi les perturbations. Je les ai vus tous découper le sommet de leur voile et tenter l’expérience. Eureka ! Ils ont raison….
Quelle réjouissance aussi de vous voir, munis de votre arc pointé vers le ciel, estimer la trajectoire de votre flèche flu-flu pour qu’elle tombe au plus près du cœur de la grande cible au sol. Ça me rappelle les études que j’ai pu mener sur la balistique, notamment en artillerie. Michel vous en a expliqué les grands principes et permis d’expérimenter grâce aux sarbacanes.
J’ai aussi été témoin de leur rencontre avec Marine, qui les a fait chanter et avec qui ils ont fait leurs premiers pas de chanteurs en enregistrant une chanson joyeuse, reflétant leur enthousiasme tout au long de cette semaine. Car oui ! Ils se sont aussi divertis mais j’étais toujours quelque part associé à leurs trouvailles, à leurs jeux, et leurs drôles de casse-têtes qu’ils appellent « puzzles » !
A voir leur mine réjouie, leur investissement et le grand nombre de productions qu’ils ont réalisées, je ne me fais aucun souci quant à leur soif de découvertes et d’aventures. Un bien beau séjour que je conseille vivement à tous !»
Leonardo da Vinci